mardi 19 mai 2015

Quelques adresses chouettes pour un grand week end à Berlin

Cette année le mois de mai nous a vraiment gâtés. Des vendredis fériés en plus des habituels super pont de l'Ascension et du lundi de Pentecôte pour bien terminer le mois (pas bon pour le PIB cette histoire). De quoi passer du bon temps et de voir du pays. Pour ll'Ascension, le choix s'est porté sur Berlin. 

A suivre, quelques adresses d'hôtels, de restaurants et de balades pour décrocher du stress parisien.
- pour le gîte et le couvert, c'est par ici
- pour quelques idées de promenade, c'est ci-dessous.
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Inutile de dresser la liste des 10 endroits incontournables de Berlin. Elle est disponible sur tous les bons sites internet: iciici ou . En échange, quelques endroits que j'ai particulièrement aimés en plus de la magistrale île aux musées (Museumsinsel) et du Bundestag.
  • Le musée du Bauhaus
Le Bauhaus Archive propose la collection la plus exhaustive sur l’histoire et sur l’impact du Bauhaus. 

L’exposition permanente présente de nombreux objets et des pièces devenues iconiques telles la superbe lampe de Wilhelm Wagenfeld (WA24 et WG24), la chaise Wassily ou le service à thé de Marianne Brandt, ainsi que des plans, essais de couleurs et sculptures de Martin Gropius et ses disciples.


Inutile de songer à prendre des photos des collections, les gardiens veillent ! J'ai trouvé dans la boutique le meilleur épluche légume du monde : le STAR peeler de la marque Zena, fabriqué en Suisse en vente depuis 1947. Outre une esthétique parfaite, il permet d'éplucher parfaitement les asperges et de faire de superbes copeaux de parmesan. Il est en vente ici.
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Bauhaus Archive
Klingelhöferstraße 14 
10785 Berlin 
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  • Hamburger Bahnhof - Museum für Gegenwart
Un magnifique espace dédié à l'art contemporain depuis les années 50 jusqu’à aujourd’hui.  


Le bâtiment est une oeuvre en soi. Longtemps désaffecté car détruit pendant la guerre, il a été rénové par l’architecte berlinois Joseph Paul Kleihues. Il impressionne par sa taille d'abord, 13 000 m2 entièrement, y compris les ateliers et autres halls de réparation des trains. Pour qui, comme moi, aime l'architecture industrielle, c'est un vrai bonheur. Par les collections ensuite. En même temps que la collection permanente de la Neue Nationalgalerie, on y trouve les collections de Frederick Christian Flick, Erich Marx et Marzona.
Actuellement, le hall central abrite l'exposition Moby Dick de Michael Beutler. Des monstres de papier plissé ou ondulé, souvent animées, toujours monumentales mais légères s'opposent au caractère massif des poutres et piliers du hall. On en trouve une très bonne analyse en cliquant .

Dans les anciens ateliers (une pensée émue pour la petite fée du technicentre de Clichy qui se reconnaîtra) une exposition consacrée à Dieter Roth (1930-1998). Artiste inclassable et prolifique, il a inventé toutes sortes de machines à faire de la musique et les partitions qui vont avec. 
 

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Invalidenstraße 50-51 
10557 Berlin Tiergarten
Ouvert du mardi au vendredi de 10h à 18h, samedi et dimanche de 11h à 18h
Nocturne le jeudi jusqu’à 20h.

Site internet
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  • A la recherche des tags de Mitte et Friederichstain
Sans être spécialiste du street art, j'aime bien découvrir des tags, graffitis et autre stickers au détour des balades. Bien sûr il y a l'East Gallery et ses 1,3 km de mur pour les artistes invités. Mais il y a plein d'autres choses plus cachées. 
A faire, l'itinéraire de 3,4 km proposé par un artiste et guide touristique allemand sur le site everytrail. Il propose également une application gratuite pour téléphone mobile (téléchargeable en cliquant ). Les quartiers visités sont Kreuzberg et Friedrichshain. 
Le quartier de Mitte, près des musées, permet de voir aussi des choses sympas. 
     

    Ma préférence va sans aucune restriction à Friedrichshain au point que j'ai même songé un instant à m'installer vendeuse de fleurs ou de crêpes sur un marché. 
    • L'ancien aéroport de Tempelhof
    L’aéroport de Tempelhof est inauguré en 1941 par l’administration nazie. L’ouvrage bâti est à l’époque le plus vaste ensemble au monde avec une surface bâtie de plus de trois-cents-milles mètres carrés. Il constitue également le projet le plus vaste abouti de l’architecture national socialiste à Berlin. Après la défaite de l'Allemagne nazie, il servira surtout lors du Pont aérien (1948-1949) par les forces alliées. Plusieurs projets ont été présentés. Pourtant, aujourd'hui Tempelhof est un gigantesque parc laissé à la libre disposition des berlinois et des visiteurs. Un référendum local a repoussé les projets de construction et, depuis 2014, le site de Tempelhof ne fait plus partie des espaces de transformation définis dans le nouveau concept de développement urbain de la ville à l'horizon 2030.
    • Les Hackesche Höfe et Sophienstrasse
    Les Hackesche Höfe de Berlin sont formées d'un ensemble de cours (Höfe) hyper bobo et super mimi!  La construction de cet ensemble, lancée en 1906, suit un schéma de séparation nette entre les zones d'habitation, d'artisanat, de commerce et de culture. Elles ont été totalement restaurées après la chute du Mur et sont devenues un lieu de promenade. Plusieurs styles s'y côtoient. La première cour a été dessinée par August Endel dans le plus pur style Jugendstil. Les façades des bâtiments qui l'entourent sont  ornées de briques vernissées polychromes. 
    Les Hackesche Höfe communiquent avec les Rosenhöfe de style néorococo. 
    On peut pousser jusqu'à la Grosse Hamburger Strasse où se trouve le plus ancien cimetière juif – Alter Jüdischer Friedhof – détruit par le Gestapo en 1943. Il ne reste plus qu'une seule pierre tombale, celle du philosophe juif des Lumières Moses Mendelssohn. 
    On peut aussi prolonger la visite en marchant le long de la Sophienstr. également bordée de ravissantes cours mais de dimension plus modestes. Le portique de la Maison des artisans au n° 18 est une vraie splendeur. On peut aussi se fendre d'une petite prière à la Sophienkirche en demandant d'avoir la chance que la cour de notre immeuble devienne aussi jolie que celles-ci !

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    Accès par le 40 Rosenthalerstrasse
    Métro Weinmeister Str.
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    samedi 9 mai 2015

    Week end sur la Côte !

    "Grasse, la capitale mondiale du parfum". Derrière le slogan publicitaire pour un voyage organisé sur la Cote d'Azur, on peut trouver autre chose à condition d'accepter de ce perdre dans les ruelles de la vieille ville.
    Vue depuis la place du Cours Honoré Cresp
    Sans vouloir faire la snob, je vous épargne la tentative de promenade à Cannes par ce week end du 8 mai. Un aller retour express. Partis à 14 heures et de retour à 15h30, entre 4 et 5 mn sur la Croisette en traversant la rue d'Antibes. Au concours des plus brèves visite de Cannes, je pense que nous méritons une place sur le podium.
    Back home. Et là, c'est une tout autre ambiance. Moins de Porches et de Ferrari, moins de chaussures dorées aux talons dans le style pic à glace, pas de lunettes Prada aux branches style tournicotant. Bref, moins Côte d'Azur quoi!
    Total look dans les rues de Cannes. Approche du Festival oblige !
    La vieille ville de Grasse est absolument ravissante. Des ruelles étroites et sinueuses, de belles places, des maisons à arcades, des belvédères, des fontaines, le tout rénové mais pas encore trop, ni partout. Petit mais presque parfait.



    La place aux herbes




    Près de la porte des remparts
    En sortant de la vieille ville, juste en face de l'usine/boutique du parfumeur Fragonard,un petit passage par la villa Jean-Honoré Fragonard permet de découvrir les oeuvres des autres membres de la famille. De Jean-Honoré, à peu près rien sinon des copies. 



    Pour rester dans l'ambiance Fragonard, tout en cultivant l'image du parfum, un bouquet de rose de l'expo du week end.


    samedi 2 mai 2015

    Saint Eustache, chef d'œuvre de proximité

    J'avoue, à ma très grande honte, que je n'avais jamais poussé la porte de saint Eustache. A mon âge (inutile de préciser lequel) il était temps de rattraper ce retard. Il aura fallu un week end du 1er mai, un réveil à l'aube et un temps vraiment dégueulasse (et je pèse vraiment mes mots) pour découvrir l'intérieur de ce véritable chef d'œuvre.
    Photo: Wikipedia
    Première impression: Saint Eustache est monumentale! Ses "mensurations" impressionnantes (33,5 m de haut, 100 m de long et 43 m de large) en font l'une des plus grandes églises de Paris et la rapprochent davantage de la cathédrale que de l'église de quartier. 
    De saint-Eustache, on connait surtout le parvis.

    Avril 1993, les 2 plus jolies petites filles qu'on ait jamais vu sur le parvis
    Mais St Eustache, c'est beaucoup plus que cela. Comme le racontent Fanny Bourgois et wilfrid Poma (Les monuments de Paris et leurs petites histoire, à feuilleter ici), l'histoire remonte en 1213, alors qu'un bourgeois de Paris, Jean Alais, chef des joueurs de mystères (en fait il donnait des spectacles religieux sur la place de l'église), prête au roi Philippe Auguste une importante somme d'argent. Pour le rembourser, le roi l'autorisa à prélever un denier sur chaque panier de poisson que l'on vendait aux Halles, dont il avait bâti les deux premiers bâtiments destinés aux drapiers et tisserands en 1181. La recette fut si importante que Jean Alais, selon l'usage de l'époque, fonda une chapelle dédiée à sainte Agnès en remerciement de sa bonne fortune. Elle correspond à l'emplacement du chœur de l'actuel bâtiment. En 1223, la chapelle acquiert le statut d'église, puis devient église paroissiale en 1303, dédiée à saint Eustache, dont la basilique de Saint-Denis avait offert une relique. Cet Eustache, ex Général Placidas, est passé à la postérité en raison du miracle du cerf crucifère qui lui est apparu alors qu'il chassait en forêt (pour la symbolique du cerf et autres animaux, il faut (re)lire le Bestiaire du Moyen-Age de Michel Pastoureau).  
    Sous sa forme actuelle, ou presque si l'on exclut la réfection par Baltard, la construction de St Eustache a duré de 1532 à 1640.Voilà pour le début de l'histoire. Pour plus de détails et d'images on peut se reporter ici, ou , ou encore .

    Saint Eustache abrite une impressionnante chapelle de la Vierge. Construite en 1640 puis restaurée de 1801 à 1804 ; elle fut inaugurée par Pie VII le 22 décembre de cette dernière année lorsque celui vint à Paris pour le couronnement de Napoléon. On y trouve, au centre, une sculpture de la Vierge à l'Enfant de Jean-Baptiste Pigalle que le peintre Thomas Couture a mis en valeur par trois grandes fresques sur le thème de la Vierge : La vierge triomphante adorée par les Anges, La vierge étoilée des marins et La vierge consolatrice des affligés.




    Parmi les sépultures de nombreuses personnalités, comme Scaramouche, Rameau, Marivaux ou Montesquieu, le mausolée de Colbert mérite une mention spéciale. Il a été réalisé par Antoine Coysevox (1640-1720) en bronze et marbre blanc et noir, d'après les dessins de Charles Le Brun. A gauche du sarcophage, la Fidélité, à droite, la Piété ou l'Abondance.

    Colbert, n'a pourtant pas laissé que des bons souvenirs. En 1655, en tant que paroissien et premier marguillier (en gros administrateur des biens de la paroisse) de Saint-Eustache, il fait aménager deux chapelles sous les tours de la façade, ce qui en compromet gravement la solidité. Il faudra démolir la façade ainsi que la première travée de la nef et des bas-côtés. 
    Autre pièce de choix, les grandes orgues qui, avec près de 8 000 tuyaux, en font les plus importantes de France. Pour plus de détails, on peut avantageusement se reporter . Du coup, et quoique je ne sois pas vraiment amateur, cela me donne sérieusement envie d'aller au prochain concert.

    Le bénitier monumental date de 1834. Il est signé Eugène Bion et représente le pape saint Alexandre (chef de l’Eglise romaine de 107 à 116 après JC) qui a institué l'usage de l’eau bénite supposée mettre en fuite les péchés véniels. No comment ! Ce n'est pas un chef d'oeuvre mais je trouve cette composition assez pittoresque.


    Pour finir, deux petites surprises contemporaines.
    L'une d'un intérêt très modéré, enfin à mon goût: Le départ des fruits et légumes du coeur de Paris le 28 février 1969. Elle a été sculptée en 1971 par Raymond Mason pour célébrer la fin des Halles de Baltard.



    L'autre, nettement plus surprenante et intéressante, est de Keith Haring, un artiste que je ne m'attendais vraiment pas à trouver là. En bronze recouvert d'une patine d'or blanc, le triptyque, La vie du Christ, représente la montée de Jésus vers les cieux. Elle est installée dans la chapelle des Charcutiers. J'imagine que quelques dents ont dû grincer compte tenu du style et des références habituelles de Keith Haring :-)


    Pour en lire plus.
    • Le Ventre de Paris bien sûr, et sa bataille entre les maigres et les gras (en pdf sur la bibliothèque électronique du Québec).
    • Paris Intérieur de Philippe Le Guillou. Un peu conservateur (au mauvais sens du terme) à mon goût mais à lire pour un aperçu des pérégrinations à travers le quartier où les vestiges du passé restent visibles près des cafés et par les noms de rue.
    • Saint Eustache est aussi l'un des quartiers favoris de ce cher Nicolas Le Floch et de son créateur, Jean-François Parot. Dès L’Énigme des Blancs-Manteaux, on le trouve rue Montmartre, donc tout près de l’église Saint-Eustache, puisqu'il réside chez le magistrat,Aimé de Noblecourt (comme Colbert, il est marguiller de la paroisse), qui lui donne des cours de droit. Aujourd'hui, l'endroit correspond au café de la Pointe Sainte-Eustache

    • Dans un autre épisode, L’Homme au ventre de plomb il ne se prive pas d'utiliser l'impasse située le long de l'église pour semer l'un de ses poursuivants.

    Hé bien tout cela me donne envie de regarder un épisode de la série en streaming.