dimanche 30 novembre 2014

Haïti à Paris

On connait d'Haïti les difficultés terribles, les catastrophes naturelles et sanitaires, le climat politique complexe, la misère, la violence, etc. Dans l'art on connaît surtout Basquiat et Télémaque. Pour le reste, c'est terra incognita. Enfin, pour moi!

En 2011, la Galerie Agnès b. (pas celle de la rue du Jour, l'autre, rue de Dieu dans le 10ème - hé oui!) avait déjà exposé des artistes contemporains haïtiens en insistant sur le coté sombre et magique. On en trouve encore une trace, 



Il m'en restait quelques souvenirs qui avaient bien besoin d'être rafraichis. L'entrée est par ici.



Même si la symbolique mystique et le vaudou sont très présents au grand palais avec le thème "les esprits", l'exposition va plus loin dans la recherche de diversité. Celle des supports bien entendu avec des toiles, des sculptures, des installations et des vidéos mais aussi des thèmes (les paysages, les chefs et les sans titres). 


                      Frantz Jacques, dit Guyodo, Sans Titre, 2014              Sébastien Jean, Attaque, 2013

Ce que j'ai aimé : on sort de la peinture naïve qui reste la référence en la matière, on découvre une grande diversité de modes d'expression chez les artistes contemporains.  
Bernard Séjourné, La Missive, 1975                                          Manuel Mathieu, Sans Titre, 2012


     J'ai oublié de prendre les références Grrr! Mais pour les crânes de Dubréus Lhérisson, de mémoire du début des années 1970, on pense immédiatement à Jeff Koons (sort de ce corps) 

Entre chaque univers, des tête à tête mettent en miroir deux artistes dont les oeuvres se font écho. Ici, Basquiat et Télémaque, justement qui termine l'exposition.



Paris Bouge donne 5 bonnes raisons d'aller voir l'expo (à lire ici). J'en ajouterai une. Sans se prendre pour Malraux et Breton , on peut apprécier une vision artistique qui n'est pas forcément facile mais indiscutablement créatif.

+++++
Haïti, deux siècles de création artistique
Galeries du Grand Palais (Entrée H)
Jusqu'au 15 février
+++++

dimanche 16 novembre 2014

Paris musées sans carte : la rue Notre Dame de Nazareth

Si l'idée d'aller faire la queue devant l'une des grandes expos de l'automne vous déprime et qu'il est trop tard pour acheter un billet coupe-file, il est toujours possible d'aller faire un tour rue Notre Dame de Nazareth. 

A l'origine, elle est connue pour abriter, au n° 15, la première synagogue construite par le Consistoire israélite de Paris grâce à une autorisation délivrée par Louis XVIII en 1819. C'est donc la première synagogue de Paris, construite dans un style néo-mauresque très coloré. Elle est particulièrement connue et appréciée pour ses vitraux, peintures et les 12 fenêtres symbolisant les 12 tribus d’Israël.

Mais ça, c'était avant. Quand la rue ND de Nazareth était réputée pour être l'une des plus populaires du secteur. 
Qu'est-ce qui a changé? En gros, tout le quartier. Au point qe cette petite rue est devenue sur la rive droite ce que la rue de Seine est sur la gauche. 

Programme Septembre-Décembre 2014 - Design : Akatre

Donc, et c'est là que je voulais en venir, il y a plein de galeries.
En partant de la rue Saint Martin, on peut voir actuellement:

C'est de très loin ma galerie favorite. C'est là qu'exposent Liu Bolin et Yang Yongliang. En ce moment on peut voir les tableaux à l'atmosphère trouble réalisés par Fu Site entre 2013 et 2014. Le mélange d'encre de Chine, de crayon et d'huile sert les visions hallucinées qui surgissent dans des décors très classiques.

Antoni Muntadas est artiste espagnol de l’art multimédia. Il utilise la performance, la vidéo, les installations, la photographie, le multimédia, le livre, Internet et l’art public. "Avec cela...?" est constituée d'oeuvre sérigraphiées ou imprimées qui abordent la consommation. Les prints de la série Dealings sont très beaux, de ême que les pièces de la série On translation. La serie Close up qui traque les fautes de typo  dans la presse papier est également très intéressante. Tout est malheureusement beaucoup trop cher! Si vous êtes en fonds, cliquez


Muntadas, Dealings, 2003, set of 8 prints                                                                Espana va bien, Silkscreen on rag paper 
Limited edition of 50 copies + 1 A.P                                                             Limited edition of 70 numbered and signed copies


Muntadas, Ordeal of Picasso's heirs. The New York Magazine. April 20, 1980, 2012, Photographic image on DVD + box
L'autre partie de l'expo ... et avec ceci? est présentée à la galerie Gabrielle Maubrie (24 rue Sainte Croix de la Bretonnerie). Je n'y suis pas allée.


Pour créer ses oeuvres, Charlotte Charbonnel procède à partir d'expérience sur des matériaux comme le verre ou des cristaux qu'elle transforme.





Un stop à la LO/A (Librairie of Arts) un peu plus loin au N°17 est un bon plan pour les cadeaux de Noël.

Au total, la rue a beaucoup changé ces dernièrs années. Et cela devrait encore s'aggraver en raison du projet de la rue jeune.
Allo Quoi? Vous ne connaissez pas la rue jeune ?
Dans ce cas, soit que vous avez oublié de mettre dans vos favoris ou télécharger les applis des it blogs que sont Badachaboum, Paris sur un fil, Le Bonbon ou My Little Paris, soit vous avez choisi d'habiter sur les 99,99% du territoire à l'extérieur des limites de la ville de Paris. J'ai vérifié mes chiffres. La superficie de la France est de 640 679 km2 tandis que celle de Paris est de 105,4 km2.

Heureusement, tout n'est pas perdu. On peut le voir soit comme un super concept d'un super gentil milliardaire amoureux de design et de bonne chaire (dans le cas, cliquer ici), soit comme une opération immobilière délirante d'un point de vue urbanistique (et alors on peut cliquer ). Dans les deux cas on donne dans la muséification de Paris. Et ça, c'est quand même moyennement sympa.



mercredi 12 novembre 2014

Baikal en hiver, passage à l'acte

Depuis le temps qu'on en parlait, depuis le temps que j'y pensais, on n'arrivait pas à ce décider. Le week end a été bénéfique et la décision a été arrachée: Baikal, nous voici!
J'avais fouillé internet dans tous les sens. Le choix s'est finalement porté sur une agence locale Baikal Nature qui propose une traversée du lac . 
Le circuit part d'Irkutsk que nous connaissons sous le soleil, souvenez-vous, c'était ici et , nous amène à Olkhon que nous découvrirons sous la neige et c'est parti pour 4 jours de marche vers Oust-Bargouzine sur la rive est du lac. Pour se remettre des efforts, le programme prévoit une partie de pêche, un tour aux sources chaudes et une séance de banya avant de repartir vers Ulan-Ude, la capitale de la République de la Bouriatie. On finit avec une nuit de train (hé oui, encore) pour rejoindre Irkutsk.




Les photos de paysages glanées sur internet sont juste géniales.





Et, le must, les toros (qui n'ont rien à voir avec ceux des corridas), des amoncellements de glace devenue bleue sous l'effet des changements de température, notamment au mois de mars. Magique.



Comment on dort? C'est très simple.
Dans des guest houses ou chez l'habitant lorsqu'on est sur la terre ferme, dans des tentes de pêcheurs lorsqu'on est sur le lac. Bien qu'elle y ressemble, la tente de pêcheur sibérien n'a rien à voir avec la Quechua de base.


Ajoutez à cela des duvets spécialement conçus pour les expéditions polaires, des crampons et des pulkas (en fait des sortes de luges) pour transporter nos affaires et tout est prêt pour la grande traversée.


Tout est prêt? Enfin pas tout à fait. Une petite note en bas du programme précise que le blizzard peut se mettre à souffler et qu'il faut donc un bon équipement pour s'en protéger. 
Et, surtout, il va falloir s'entrainer.
Et si on renonçait au chauffage jusqu'au mois de mars? 

dimanche 2 novembre 2014

Agadir, modern style

Mea culpa ! 
Après avoir trainé sur le front de mer, ma première impression sur Agadir était désastreuse. Mais après une mini-visite (post colloque, je précise) cet après-midi et la dérivation du circuit par à une collègue avisée, je révise mon point de vue. Agadir EST un patrimoine du point de vue de l’architecture moderne. 


Le golfe d'Agadir et sa plage de 9km vus depuis l'ancienne médina

Les architectes nés au Maroc formés dans les écoles parisiennes en rupture avec l’architecture traditionnelle et la médina ont adhéré aux principes modern(ist)es et fait entrer l’architecture internationale au Maroc grâce au GAMMA, le Groupe des Architectes Modernes Marocains. Ces héritiers du Corbusier ont proposé une « nouvelle approche régionale » de l’architecture qui, pour l’architecte d’ Agadir, le désormais célèbre (c’est une private joke) Jean-François Zevaco à qui on doit, entre autres, la poste d’Agadir.

La poste aujourd'hui (par moi) ... et telle qu'elle était en 1964 ((Crédit : Michel Ternisien))
Architecte : Jea-François Zevaco

Nous n’avons malheureusement vu ni les villas en bande édifiées en 1964, ni la caserne des pompiers. 
Villas en bande - Architecte : Jean-François Zevaco
(Crédit : Michel Ternisien)

Tour de la caserne des pompiers- Architecte : Jean-François Zevaco
(Crédit : Michel Ternisien)

D’autres bâtiments méritent le coup d’œil. L’hôtel de ville d’Emile Duhon.
Hôtel de ville - Architecte : Emile Duhon

Et les "Immeubles A" de Louis Rioux qui s’illustre surtout dans l’habitat social. 
Immeubles A - Architecte : Louis Rioux

On trouvera une présentation très intéressante des idées qui ont présidé à la reconstruction d’Agadir après le terrible séisme du 29 février 1960 en cliquant sur ce iciApparemment, la rupture architecturale avait commencé avant 1960 comme le montre un restaurant mythique des années 50, La Réserve.

Restaurant "La Réserve" 
Architectes: Maurice Bassières et Émile Duhon Construction: 1951 - 1953.
D'autres photos sont disponibles ici

Pourtant, le centre ville semble un peu à l’abandon. Le développement de la ville et ses nouveaux quartiers conduit apparemment à négliger les anciens bâtiments modernistes.
Comme la mosquée est pas mal et que le ciel était splendide, en voici quelques photos pour compléter ce mini tour de ville.



Bon, voilà c'est fini. Mais le retour à Paris se fait sous le soleil avec, en plus, une petite compensation. Une "turquerie" à Garnier avec l'Enlèvement au sérail joliment mis en scène par Zabou Breitman. Très belle prestation d'Erin Morley (ah ces aigus!) qui interprète le personnage de Constanze et d'Anna Prohaska, Blonde. Comme je suis une quasi inconditionnelle de Philippe Jordan, je trouve qu'il a trouvé le ton et la rythmique qui vont bien à Mozart. J'ai été moins convaincue par Bernard Richter qui interprète un Belmonte qui manque de suavité à mon goût mais cette question a fait l'objet d'un débat au retour...


(Photos Res musica)

Anecdote : le 16 juillet 1782, l'empereur Joseph II assiste à la première représentation au Burgtheater de Vienne de L'enlèvement au sérail. Après la représentation, l'empereur félicite le compositeur en des termes inattendus : 
- Trop de notes, mon cher Mozart ! 
et Mozart aurait répondu
- Sire, juste ce qu'il faut, pas une de trop !
Peu importe qu'elle soit vraie ou non ; j'adore cette histoire.