dimanche 31 août 2014

Pré-rentrée, on change de sujets

Mais on reste dans le registre gastronomique.
Après 10 jours de temps de fin d'automne, nous avons profité de ce dernier week end avant la rentrée pour déjeuner en terrasse. Depuis la réouverture du Carreau du Temple, la rue Dupetit-Thouars est très animée. Nous nous sommes arrêtés aux tables colorées du Caffé Soprano.
Les arancini, beignets de riz farcis à la sicilienne, sont bien dodus et croustillants et les linguine aux sardines fraiches, fenouil et raisins blonds très originales. Juste ce qu'il faut avant d'aller voir l'expo sur la Libération de Paris au Musée Carnavalet et la reprise...



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Caffe Soprano
2, rue Dupetit Thouars
75003 Paris
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samedi 30 août 2014

Gastronomie sibérienne

Je ne sais pas si vous l'avez remarqué mais je n'ai pratiquement jamais parlé de restaurant, de bon petit repas, de mets délicieux qui auraient adouci les conditions de voyage. La raison en est simple. Nous avons consommé local, c'est-à-dire roboratif. De fait, la gastronomie sibérienne n'a pas été touchée par les représentants de la nouvelle cuisine, de la cuisine fusion ou d'autres tendances du fooding. Donc, si l'objectif est de faire un voyage gastronomique, il vaut carrément mieux oublier cette destination. Je maintiens que pour tout le reste, c'est formidable.

La spécialité locale (disponible dans tous les restaurants entre Vladivostok et Tynda est la pizza aux pommes de terre. La garniture se décline en deux versions : pommes de terres en cube bouillies et purée. Pour s'y attaquer, il vaut mieux avoir faim et aucune autre possibilité à proximité. C'est souvent le cas. L'avantage c'est qu'on arrête dès qu'on est rassasié. Et vu la composition, c'est assez rapide.

Deux modèles de pizza aux Картофель 

Arrosez ça de Kvas, sorte de bière très peu alcoolisée (environ 2 degrés) fabriquée par la fermentation naturelle du pain de blé, de seigle ou d'orge, et tout va bien !

Vendeuse de Kvas dans une rue d'Irkutsk

La seconde manière de mal manger est de monter dans le train comme un amateur, ce qui était mon cas. Il faut dire que je manquais de pratique ce qui m'a amenée à composer des paniers repas lamentables du point de vue de la diététique. A ma décharge, j'ai aussi parfois eu du mal avec certains produits compte tenu de mon ignorance totale du russe. C'est ainsi que croyant acheter du fromage pour toast de base, je me suis retrouvée avec un stock de fromage, certes, mais aromatisé au salami. Et très honnêtement, ce n'est pas terrible du tout. Un peu d'attention et d'efforts m'auraient permis de lire "C Салями" qui ne pose aucun problème de traduction !   


Evidemment, j'ai compensé comme je pouvais.  A Vladivostok au Five O'clock (russian only) qui sert de délicieux French Toasts. A Khabarovsk  au Cafe Harley Davidson (hé oui) qui propose des assiettes d'oeufs au plat pantagruéliques. J'ai dévorés mes 3 oeufs au jambon avant d'avoir le temps de penser à les photographier.


Heureusement, il y a aussi eu les repas préparés par Svieta et Volodia au cours de la rando dans la réserve de la Frolikha. J'en ai déjà parlée . Je ne résiste tout de même pas au plaisir de vous montrer le style de la cuisine tout équipée qui remplace avantageusement n'importe quel modèle Ikea. 



Les fricassées de champignon récoltées sur place, les компот (qui n'ont rien à voir avec ce que nous appelons compotes même si cela se prononce pareil), boissons aux fruits réalisées avec les myrtilles soigneusement ramassées le jour même, les soupes à tout mais surtout aux pommes de terre et même les kashas du matin ; tout avait un goût incomparable. 

Mais pour les deux deux vrais repas au sens nappe sur la table, vaisselle blanche verres fins et couverts métal en disposés de chaque côté de l'assiette, il a fallu attendre de rejoindre Irkoutsk. 

Première adresse à retenir, un restaurant mongol: Kochevnik. Grosse frustration, en commandant au hasard (carte en russe et no english at all), j'ai vu arriver un plat très appétissant.


Pas de chance, c'était du foie ! Donc ce soir là, c'était un repas très basses calories (pour moi en tout cas). Mais bonne pioche avec le vin géorgien.

Deuxième essai chez Snezhinka. Il ne fallait pas se rater, c'était la dernière soirée. Avec l'aide de la serveuse, nous avons donc privilégié une valeur sure, l'omoul, poisson que l'on ne trouve que dans le lac Baïkal. 

Omoul au marché d'Irkoutsk

Alors là, ce fut un sans faute. Tartate d'omoul en entrée, omoul sauté, omoul en papillote, tout était délicieux. Même le traditionnel Sovetskoïe champanskoïe (c'est écrit sur l'étiquette: Советское Шампанское) passait très bien et était à la bonne température. 


De quoi nous donner encore plus de regrets de partir.








dimanche 24 août 2014

Retour sur le BAM

Avant tout, pourquoi prendre le Baïkal-Amour Magistrale (BAM) plutôt que le transsibérien? 

Parce que j'avais vu le documentaire "Baïkal-Amour-Magistrale, l'autre transsibérien" sur Arte il y a quelques mois et qu'il faisait rêver. Au départ, c'était tout. Sur place, j'ai découvert une deuxième très bonne raison. On fêtait l'anniversaire des 40 ans de la ligne. Toutes les gares étaient pavoisées. Et les graphistes soviétiques ne sont vraiment pas mauvais. Enfin, je trouve.



C'est où?
La BAM traverse la Sibérie et l'Extrême-Orient russe, reliant Taichet à l'océan Pacifique ce qui fait  4 234 kilomètres de longueur. Itinéraire alternatif stratégique au Transsibérien, elle est située à environ 500 km au nord pour protéger les intérêts russes de la convoitise des chinois.


Le chantier à été lancé par Staline. Des milliers de prisonniers sont morts pour construire le tronçon entre Taichet et Bratsk dans les années 1930. Même chose pour une partie du tracé oriental entre 1944 et 1946. Mais l'essentiel de la BAM à été construit entre 1972 et 1984 par les pionniers grâce à l'aide active des recruteurs du Komsomol. La ville de KNA a été construite pour eux et leur rendre hommage.


Gloire aux pionniers

Comme j'ai eu l'occasion de le dire , nous avons eu des petits soucis d'organisation. Mais comme à toute chose, malheur est bon, ce couac nous a permis de parcourir à nous 2 la quasi intégralité de la ligne. Mais pas ensemble. Yves a fait la partie ouest de Krasnoyarsk à Severobaikalsk; j'ai fait la partie est de KNA à Severobaikalsk.

Du coté ouest, la ligne suit la route qui s'appelle aussi la BAM.


Gare de Krasnoyarsk (Credit : Yves)

Du coté est, il n'y a quasiment pas de routes. Seul le train dessert certains villages. Au début, la ligne est commune vers Khabarovsk. La séparation s'effectue à Xormouti. On rejoint alors la ligne du BAM  au km 3746. Après 1 nuit de train à 8h30 on est au km 3295. Tout ça pour dire que le rythme n'est pas très rapide. Mais à l'intérieur, on ne s'ennuie pas.
La platskart (3ème classe) est vraiment un monde en soi. J'avais juste commis une erreur : réserver la couchette du haut. Plusieurs blogs disaient que c'était plus tranquille, mais le problème c'est qu'on a l'impression d'être dans une boite. Imaginez une banquette surplombée d'une étagère 60 cm plus haut. Déjà, pour monter, c'est assez sportif. Mais une fois en faut, impossible de s'asseoir. La seule solution, rester couché. 


Finalement, il a peut-être mieux valu qu'Yves ne soit pas là. Je ne suis pas certaine qu'il aurait été content...
Heureusement que Séréna m'avait convaincue d'acheter une liseuse avant de partir. J'ai ainsi pu mettre à profit les près de 90 heures (au total, presque 4 jours) passés dans le train. 



Bien sûr je n'ai pas fait que lire. Regarder défiler les bouleaux et les mélèzes constitue finalement un excellent passe-temps. C'est à la fois toujours pareil et toujours différent. Les heures s'écoulent donc rapidement à admirer la toundra encore plus belle qu'on l'imagine, les immenses ponts sur l'Amour et les levers et couchers de soleil d'anthologie. Et le grave roulement du train comme musique de fond crée une espèce d'état second dont il est parfois difficile de sortir.

 



Si l'on ajoute à cela la lecture d'Oblomov d'Ivan Gontcharov, on entre alors carrément en état d'hypnose.


Mais, dans le train on rencontre aussi des familles, des travailleurs en déplacement sur quelques milliers de kilomètres, des étudiants qui rentrent, tout un monde en déplacement dans un immense dortoir. Sous l'oeil attentif du provonitz.



De temps en temps le train s'arrête en gare. En gros, il y a 2 sortes d'arrêts, et donc de gares. Les brefs qui desservent des micro-gares et durent quelques minutes.  Impossible de descendre du train, d'ailleurs personne ne monte non plus.


Les arrêts plus longs qui correspondent à des villages ou des usines. On peut alors descendre sur le quai, des passagers quittent le train, d'autres y arrivent et l'architecture des gares est alors beaucoup plus variée. 



Le must en matière de gare, reste quand même celle de Tynda, à mi-chemin entre KNA et Severobaikalsk. D'abord parce qu'on a vraiment le temps de sortir du train : 6 heures d'arrêt, ce n'est pas rien. Ensuite parce qu'il y a un espace de chambres de repos et surtout de douches vraiment propres. Et ça, ce n'est pas rien non plus. Parce qu'au bout d'un moment, on a beau utiliser des quantités industrielles de lingettes et changer de T-shirt aussi souvent que possible (c'est-à-dire assez peu vu que le sac à dos est rangé sous la couchette du bas qu'on n'a justement pas réservée), on a vraiment l'impression de ressembler à rien. Donc, dans la gare de Tynda, pour 100 roubles on a droit à une douche et une serviette et même, si la dame est bien disposée, à brancher son portable pour le recharger. Un vrai havre de luxe. Il faut dire qu'avec 5 degrés à l'arrivée et le café de la gare fermé jusqu'à 10 heures, on n'a pas franchement envie de trainer dehors. 
Après 3 heures passées dans l'espace de repos, je commençais à m'ennuyer ferme. A 9h30, avec 7 degrés au soleil, je suis donc partie faire un tour en ville.

Tynda, c'est LA ville du BAM. La plupart des habitants travaillent pour les chemins de fer, il y a le musée du BAM et donc, pour l'occasion, les immeubles étaient décorés d'immenses affiches à la mémoire des ouvriers et bâtisseurs de la ligne.

Arrivée à la gare de Tynda et passerelle sur la rivière entre la gare et la ville



Après le break, c'est reparti pour 28 heures de train pour aller jusqu'à Severobaikalsk. Même rythme, même ambiance, ou presque. Car le wagon est maintenant bondé. Comme Tynda est un hub, on y retrouve beaucoup de gens du nord de la Sibérie qui arrivent du petit BAM ou par bus pour partir en direction de l'ouest, parfois même jusqu'à Moscou.
Et là, j'avoue avoir joué de malchance. Ma banquette donne juste à coté d'une famille de baleines qui a carrément privatisé l'espace. Impossible d'obtenir la moindre place assise. Leurs provisions pourtant impressionnantes ne suffisant pas, ils profitent des arrêts pour s'approvisionner en omoul, délicieux poisson du lac Baikal.


La présence de vendeurs d'omouls sur les quais est le signal de l'arrivée. Au bout du trajet, Severobaikalsk. 

Après ce périple, un bilan s'impose. C'était VRAIMENT bien.
Le pin's du BAM. Merci à Rashit pour ce cadeau!


mercredi 20 août 2014

Irkutsk, last day

Dernière promenade dans Irkoutsk. Nous n'avons pas lésiné et avons parcouru la ville dans tous les sens pour profiter de nos dernières heures de vacances.

De bon matin, pour profiter de la fraîcheur, nous sommes partis en direction de l'immense place Kirova ou trône le siège de l'administration régionale.


Certes, ce n'est pas particulièrement léger comme style mais tellement imposant et représentatif d'une époque révolue que je trouve que le bâtiment vaut le détour. Juste derrière, on trouve une concentration de lieux de culte assez importante. L'église catholique polonaise, d'abord, transformée en salle de concerts d'orgue.

Eglise catholique polonaise
Et surtout deux églises à l'activité frénétique qui prouvent que l'institution religieuse est vraiment une affaire plus durable que le marxisme-léninisme!
L'église du sauveur construite en 1706 présente une magnifique fresque du baptême en façade.


Juste en face, la cathédrale de l'épiphanie est un ensemble de tours imposant et coloré dont l'intérieur est composé de fresques de style byzantin avec une multitude de saints auréolés. C'est nettement ma préférée car elle est très exubérante sans être pour autant aussi caricaturale que l'église Kazansky, visitée hier.



Tout près de là, une promenade le long de l'Angara dans les vapeurs de brume du matin. 


D'après le nombre de cadenas accrochés aux rambardes, c'est clairement le lieu des photos de mariage. J'avais déjà remarqué l'attrait pour les grands formats à KNA, mais là, c'est le record absolu.



Pour continuer notre matinée spirituelle, nous nous dirigeons vers la synagogue, complètement reconstruite et réactivée en 1990,...



... puis, par œcuménisme, nous terminons par la mosquée.


Ayant fait le plein de religion, nous continuons notre marche pour aller vers le marché chinois à côté duquel nous avons repéré un très bon restaurant de "buze", nom bouriate des pelmeni. Je mets juste la photo pour donner une idée de la chose mais je promets de faire un post sur la gastronomie russe en rentrant en Paris. J'aurai des petites choses à dire... Sur les hôtels et guest houses aussi d'ailleurs.


Encore quelques kilomètres et nos pieds et notre estomac n'en pouvant plus, nous faisons une pause au Lénine café.


Bon, en fait, c'est juste comme un starbucks. Et après 3 semaines de " tchai s moloko", c'est justement ça qui est bon!

Ceci n'est pas un Starbuck's