dimanche 24 août 2014

Retour sur le BAM

Avant tout, pourquoi prendre le Baïkal-Amour Magistrale (BAM) plutôt que le transsibérien? 

Parce que j'avais vu le documentaire "Baïkal-Amour-Magistrale, l'autre transsibérien" sur Arte il y a quelques mois et qu'il faisait rêver. Au départ, c'était tout. Sur place, j'ai découvert une deuxième très bonne raison. On fêtait l'anniversaire des 40 ans de la ligne. Toutes les gares étaient pavoisées. Et les graphistes soviétiques ne sont vraiment pas mauvais. Enfin, je trouve.



C'est où?
La BAM traverse la Sibérie et l'Extrême-Orient russe, reliant Taichet à l'océan Pacifique ce qui fait  4 234 kilomètres de longueur. Itinéraire alternatif stratégique au Transsibérien, elle est située à environ 500 km au nord pour protéger les intérêts russes de la convoitise des chinois.


Le chantier à été lancé par Staline. Des milliers de prisonniers sont morts pour construire le tronçon entre Taichet et Bratsk dans les années 1930. Même chose pour une partie du tracé oriental entre 1944 et 1946. Mais l'essentiel de la BAM à été construit entre 1972 et 1984 par les pionniers grâce à l'aide active des recruteurs du Komsomol. La ville de KNA a été construite pour eux et leur rendre hommage.


Gloire aux pionniers

Comme j'ai eu l'occasion de le dire , nous avons eu des petits soucis d'organisation. Mais comme à toute chose, malheur est bon, ce couac nous a permis de parcourir à nous 2 la quasi intégralité de la ligne. Mais pas ensemble. Yves a fait la partie ouest de Krasnoyarsk à Severobaikalsk; j'ai fait la partie est de KNA à Severobaikalsk.

Du coté ouest, la ligne suit la route qui s'appelle aussi la BAM.


Gare de Krasnoyarsk (Credit : Yves)

Du coté est, il n'y a quasiment pas de routes. Seul le train dessert certains villages. Au début, la ligne est commune vers Khabarovsk. La séparation s'effectue à Xormouti. On rejoint alors la ligne du BAM  au km 3746. Après 1 nuit de train à 8h30 on est au km 3295. Tout ça pour dire que le rythme n'est pas très rapide. Mais à l'intérieur, on ne s'ennuie pas.
La platskart (3ème classe) est vraiment un monde en soi. J'avais juste commis une erreur : réserver la couchette du haut. Plusieurs blogs disaient que c'était plus tranquille, mais le problème c'est qu'on a l'impression d'être dans une boite. Imaginez une banquette surplombée d'une étagère 60 cm plus haut. Déjà, pour monter, c'est assez sportif. Mais une fois en faut, impossible de s'asseoir. La seule solution, rester couché. 


Finalement, il a peut-être mieux valu qu'Yves ne soit pas là. Je ne suis pas certaine qu'il aurait été content...
Heureusement que Séréna m'avait convaincue d'acheter une liseuse avant de partir. J'ai ainsi pu mettre à profit les près de 90 heures (au total, presque 4 jours) passés dans le train. 



Bien sûr je n'ai pas fait que lire. Regarder défiler les bouleaux et les mélèzes constitue finalement un excellent passe-temps. C'est à la fois toujours pareil et toujours différent. Les heures s'écoulent donc rapidement à admirer la toundra encore plus belle qu'on l'imagine, les immenses ponts sur l'Amour et les levers et couchers de soleil d'anthologie. Et le grave roulement du train comme musique de fond crée une espèce d'état second dont il est parfois difficile de sortir.

 



Si l'on ajoute à cela la lecture d'Oblomov d'Ivan Gontcharov, on entre alors carrément en état d'hypnose.


Mais, dans le train on rencontre aussi des familles, des travailleurs en déplacement sur quelques milliers de kilomètres, des étudiants qui rentrent, tout un monde en déplacement dans un immense dortoir. Sous l'oeil attentif du provonitz.



De temps en temps le train s'arrête en gare. En gros, il y a 2 sortes d'arrêts, et donc de gares. Les brefs qui desservent des micro-gares et durent quelques minutes.  Impossible de descendre du train, d'ailleurs personne ne monte non plus.


Les arrêts plus longs qui correspondent à des villages ou des usines. On peut alors descendre sur le quai, des passagers quittent le train, d'autres y arrivent et l'architecture des gares est alors beaucoup plus variée. 



Le must en matière de gare, reste quand même celle de Tynda, à mi-chemin entre KNA et Severobaikalsk. D'abord parce qu'on a vraiment le temps de sortir du train : 6 heures d'arrêt, ce n'est pas rien. Ensuite parce qu'il y a un espace de chambres de repos et surtout de douches vraiment propres. Et ça, ce n'est pas rien non plus. Parce qu'au bout d'un moment, on a beau utiliser des quantités industrielles de lingettes et changer de T-shirt aussi souvent que possible (c'est-à-dire assez peu vu que le sac à dos est rangé sous la couchette du bas qu'on n'a justement pas réservée), on a vraiment l'impression de ressembler à rien. Donc, dans la gare de Tynda, pour 100 roubles on a droit à une douche et une serviette et même, si la dame est bien disposée, à brancher son portable pour le recharger. Un vrai havre de luxe. Il faut dire qu'avec 5 degrés à l'arrivée et le café de la gare fermé jusqu'à 10 heures, on n'a pas franchement envie de trainer dehors. 
Après 3 heures passées dans l'espace de repos, je commençais à m'ennuyer ferme. A 9h30, avec 7 degrés au soleil, je suis donc partie faire un tour en ville.

Tynda, c'est LA ville du BAM. La plupart des habitants travaillent pour les chemins de fer, il y a le musée du BAM et donc, pour l'occasion, les immeubles étaient décorés d'immenses affiches à la mémoire des ouvriers et bâtisseurs de la ligne.

Arrivée à la gare de Tynda et passerelle sur la rivière entre la gare et la ville



Après le break, c'est reparti pour 28 heures de train pour aller jusqu'à Severobaikalsk. Même rythme, même ambiance, ou presque. Car le wagon est maintenant bondé. Comme Tynda est un hub, on y retrouve beaucoup de gens du nord de la Sibérie qui arrivent du petit BAM ou par bus pour partir en direction de l'ouest, parfois même jusqu'à Moscou.
Et là, j'avoue avoir joué de malchance. Ma banquette donne juste à coté d'une famille de baleines qui a carrément privatisé l'espace. Impossible d'obtenir la moindre place assise. Leurs provisions pourtant impressionnantes ne suffisant pas, ils profitent des arrêts pour s'approvisionner en omoul, délicieux poisson du lac Baikal.


La présence de vendeurs d'omouls sur les quais est le signal de l'arrivée. Au bout du trajet, Severobaikalsk. 

Après ce périple, un bilan s'impose. C'était VRAIMENT bien.
Le pin's du BAM. Merci à Rashit pour ce cadeau!


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