L'histoire est simple et universelle : Kolia vit avec sa femme et son fils dans une maison isolée près d'une petite ville russe. Le maire désire mettre la main sur la propriété. La lutte s'engage entre Kolia et le maire avec, en toile de fond, les autorités mafieuses, le système juridique moins efficace que le chantage et l'église orthodoxe qui soutient le système.
Tous les ingrédients sont réunis pour un scénario dramatique, désespéré et sans issue: la pseudo démocratie, la corruption, la religion et la vodka. Mais, comme dans un roman de Gogol, il y a des moments comiques. Exemple: la scène de tir au cours du pique-nique d'anniversaire. Après avoir descendu toutes les bouteilles de vodka (à tous les sens du terme) l'un des compères sort de la voiture les portraits des anciens dirigeants, Lénine, Brejnev, Gorbatchev, etc., pour les utiliser comme cibles. « Où sont les plus récents? » demande l'un des participants. « On n'a pas encore le recul historique », réplique un autre. Ce doit être une blague traditionnelle. Nous l'avons entendue pendant le voyage en Sibérie.
Tout comme l'affiche, les images sont magnifiques. Le film a été tourné à Kirovsk au bord de la mer de Barents dans l'oblast de Mourmansk. Encore une destination de voyage à ajouter à la déjà longue liste!
On trouve un reportage agrémenté de photos paru juste après la sortie du film ici. Petite anecdote: Zvyagintsev est né à Novosibirsk. On comprend son goût pour les paysages désolés, le dépouillement, l'aridité et la lumière boréale. A la manière des photos d'Alexander Gronsky, l'un de mes photographes favoris.
Pour continuer dans le registre photographique et après en avoir débattu avec Paule qui tient un très chouette blog, 1000 Lieux, nous avons passé un long moment à la maison européenne de la photographie.
Il est trop tard pour la rétrospective de René Burri, Mouvements. Petite remarque désagréable en passant : que celui/celle qui a eu l'idée de remplacer les étiquettes informatives à coté de chaque cliché par un nombre très insuffisant de fiches plastifiées disposées à l'entrée de chaque salle se fasse botter les fesses.
Il est par contre encore temps de découvrir le journaliste reporteur spécialiste et certainement aussi amoureux du continent africain, Pascal Maitre.
Pour les curieux, sachez que les couleurs sur-vitaminées et les blancs très purs ne sont pas dus à photoshop mais à un procédé de tirage aujourd'hui disparu. Il s'agit du cibachrome (connu aussi sous le nom de Ilfochrome) produit par Ilford qui permet d'avoir un tirage papier à partir d'un film inversible, souvent une diapositive couleur. D'après le panneau explicatif il a été abandonné en 2012.
Autre section à prendre le temps de voir, les salles consacrées à la série Suspense de Tim Parchikov, photos qui ont toutes l'air d'être prises par surprise (j'en doute quand même) et dont les contours un peu flous font penser aux images de Mulholland drive (je n'ai jamais rien compris à David Linch mais c'est secondaire).
Comme en plus, Parchikov a eu le bon goût de naître à Moscou, je peux finir ce post comme je l'avais commencé : en Russie !
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